Certains voyagent loin et vivraient, dit-on, des expériences inouïes. Dans le récit de ces aventures, le dithyrambe le dispute souvent au fantastique et l'enthousiasme à la crédibilité. Animaux légendaires, contrées perdues, civilisations énigmatiques. Que de fariboles improbables !
C'est pour remonter à ce que je croyais être la source de ces histoires imaginaires, là où le soleil frappe les esprits et pousse à la démesure, que j'ai moi-même entrepris un voyage - Ô combien dangereux - qui devait m'amener sur la Canebière.
Blague à part, le soleil marseillais n'est pas que dans le ciel et c'est un euphémisme de dire que j'ai été bien accueilli. Trêve de blabla et place aux images !!
Le soleil se couche sur les toits de Paris. Temps pluvieux et maussade aujourd'hui. J'écoute le dernier Biolay : cynique, sympa et un peu narcissique. J'ai mis un bougainvilliers sur la fenêtre. Comme si c'était le sud...
Et très logiquement, car la cohérence est une éthique, je cuisine une ratatouille.
Sergio Larrain est un photographe dont je n'ai jamais pu oublier ni le nom ni les clichés. Un drôle de bonhomme, inspiré et mystique, qui, d'après ce que j'en sais, ne travaille plus depuis un bon moment.
Sergio Larrain a écrit que : "A good image is created by a state of grace. Grace expresses itself when it has been freed from conventions, free like a child in his early discovery of the reality. The game is then to organize the rectangle."
Nul doute que son propos soit pertinent quand on voit ses photos. Notamment cette série mythique sur Valparaiso...
BEAU (idÉe Du). Dans cet article nous nous attacherons d'abord à distinguer l'idée du beau des autres notions de l'esprit humain avec lesquelles on serait tenté de la confondre. Nous essayerons ensuite de la caractériser en elle-même et de la définir. Nous terminerons en indiquant ses formes principales.
I. L'idée du beau diffère essentiellement de celle de l'utile; pour s'en convaincre, il suffit de remarquer qu'il y a des objets utiles qui ne sont pas beaux et des objets beaux qui ne sont pas utiles. S'il y a des objets a la fois utiles et beaux, nous ne confondons pas en eux ces deux points de vue. Le laboureur qui contemple une riche moisson et le voyageur qui admire un paysage ne voient pas la nature du même œil. 11 y a plus, pour jouir du beau, il faut faire abstraction de l'utile ; ces deux sentiments se contrarient loin de se fortifier. Le plaisir du beau est d'autant plus vif et plus pur qu'il est plus dégagé de toute considération d'utilité et d'intérêt. L'idée de l'utile est purement relative, elle exprime le rapport entre un moyen et un but; l'objet utile n'est rien par lui-même; le but atteint, le besoin satisfait, le moyen perd sa valeur. Au contraire, l'objet beau est beau par lui-même, indépendamment de l'avantage qu'il procure, du plaisir que sa vue excite et de son rapport avec nous. Une belle fleur n'est pas moins belle dans un désert que dans nos jardins. Si on prétend que l'objet beau est utile puisqu'il nous fait éprouver du plaisir, c'est faire une pétition de principe. Pourquoi le beau nous plaîtil? est-ce parce qu'il est utile ou parce qu'il est beau?
L'utilité, si toutefois on peut se servir ici de ce mot, vient alors de la beauté, et non la beauté de l'utilité. En d'autres termes, le beau n'est pas beau parce qu'il nous est agréable, mais il est agréable parce qu'il est beau. Ceux qui ont .confondu l'agréable et le beau, ont donc pris l'effet pour la cause. D'ailleurs la jouissance que nous fait éprouver la vue du beau est d'une nature toute particulière et n'a rien de commun avec celle que nous procure l'utile; l'une est intéressée, l'autre ne l'est pas; l'une est accompagnée du désir de posséder l'objet utile et de le faire servir à notre usage , l'autre est dégagée de tout semblable désir; elle laisse l'objet subsister tel qu'il est, libre et indépendant, ce qui fait dire que le désir de l'utile tend à consommer et à détruire, tandis que le sentiment du beau aspire à la conservation et à l'union. Enfin les deux actes de l'esprit par lesquels nous saisissons le beau et l'ulile sont différents ; nous voyons, nous contemplons le beau , nous concevons l'utile. Pour apercevoir l'utilité d'un objet, il faut le comparer avec son but ou sa fin ; or ce jugement, qui suppose une comparaison, est un acte réfléchi; la perception du beau, au contraire, est immédiate; c'est une intuition. Aussi, quand un objet est à la fois utile et beau, sa beauté nous frappe avant que nous ayons pu souvent deviner son utilité.
...ces temps-ci. Alors je vous en fais profiter. Ma dernière lubie, c'est l'album de Gil Scott-Heron, Godfather du Rap US, sorti il y a un mois environ et intitulé "I'M New Here"
Ça se passe de commentaires, ça s'écoute sans fin.
Peut-être, et c'est même probable, Qu'un clou chasse l'autre. Mais qu'en est-il pour les autres ? Ceux qui n'en sont pas ? Des clous ? Bah...de toute façon, y'a d'la rouille pour tout le monde.
Un spectacle attendu. Isabelle Huppert dans le rôle de Blanche Du Bois. Mais dans une adaptation - signée Wajdi Mouawad - tellement libre du texte de Tennessee Williams que les ayants droit ont refusé que le titre original soit utilisé.
C'est donc sous le titre "Un tramway" que Warlikowski a mis en scène la tragique histoire rendue célèbre par le film d'Elia Kazan avec Marlon Brando et Viviane Leigh dans les rôles titres.
Loin du militantisme d'Ariane Mnouchkine, on est ici sur la scène parisienne version Inrock et Libé, la branchouille Paris-Berlin-Tokyo-New York.
Les décors et les costumes sont froids, designs, soignés, acidulés.....symboles d'un monde tellement égocentrique et suffisant qu'il pourrait lutter seul contre le réchauffement climatique si la chaleur humaine en était la cause.
Isabelle Huppert exhibe son talent et ses robes avec fierté. Une pointe d'arrogance et une once d'hystérie qui semblent nous dire : "Regarde bien, toi, à quel point je sais tout faire ! A quel point tu m'indiffères. A quel point je n'ai besoin de personne."
Mais malheureusement, Blanche est un personnage qui doit être fragile pour être authentique. Isabelle n'étant pas fragile, elle en est moins aimable.
Ce spectacle donne parfois le sentiment de vivre dans une époque tristement arrogante. Une époque où certains ont perdu, à mesure que gonflait leur orgueil, le sens du tragique et de la condition humaine. Mais c'est paradoxalement dans la démesure que l'on montre immanquablement ses limites et que l'on finit par s'abaisser.
"Mademoiselle, s'il vous plaît ! Mademoiselle Huppert !" "Un peu d'indifférence, une pointe de sprezzatura, plus de désinvolture en somme ! Soyez insouciante, tenez....soyez italienne comme Fellini et vous serez parfaite.
Ou comme le disait, parait-il, Pagnol : "Dans la vie, ma chère, l'essentiel c'est de s'en foutre.""
"De s'en foutre, certes ! Mais sous le plafond de l'Odéon ! Vieux con !"
Il y a d'étranges coïncidences. Ne sont-elles d'ailleurs jamais que cela ?
Donc, invité à aller voir le dernier Mnouchkine, je débarque jeudi soir à la cartoucherie sans rien savoir du spectacle que j'allais voir. Comme toujours chez Ariane Mnouchkine, le spectacle est total. Et il nous saisit dès l'entrée, dans l'effacement des frontières entre la scène et la ville, entre le public et les comédiens, là où boire un verre au bar, c'est déjà être dans le décor.
Mais quel est donc le thème de ce nouveau spectacle ?
La trame narrative est basée sur un roman posthume de Jules Verne intitulé "Les naufragés du Jonathan" que Ariane Mnouchkine et sa complice Hélène Cixous ont rebaptisé pour l'occasion "Les naufragés du fol espoir".
L'illustration dans l'entrée reprend d'ailleurs l'iconographie classique des romans illustrés de Jules Verne :
Après le naufrage sur l'île Hoste, les passagers seront confrontés aux difficultés que comporte toujours le passage du rêve à la réalité, de l'utopie à la société réelle, mobilisant dans l'adversité toutes les idéologies socialistes, communistes et anarchistes de la fin du XIX ème siècle. On est à la Belle époque, on confond encore le progrès technique et le progrès moral comme si l'un impliquait fatalement l'autre. Le XXème siècle et son bain de sang nous auront au moins guéri de cette idée naïve. Mais je m'égare....revenons à nos moutons de Panurge.
Les dispositifs narratifs, inventés pour l'occasion par la troupe du théâtre du soleil, sont nombreux et astucieux. L'histoire est racontée sous la forme du tournage d'un film effectué en 1914 dans un cabaret sur les bords de la Marne. Ainsi les scènes de tournage permettent de multiplier les niveaux de lecture : l'histoire de Jules Verne en fond et, au premier plan, la guerre mondiale qui approche, l'assassinat de Jaurès.
Tiens, j'y pense alors je ne résiste pas :
Mnouchkine nous suggère alors un lien entre toutes ces trames narratives : l'échec de l'utopie dans le carnage, l'échec de la fraternité dans la guerre.
Trente-cinq comédiens sur scène, 3h50 de spectacle, des poulies, des cordes, des décors qui montent au ciel, la neige, la glace et le vent comme si vous y étiez, Ariane Mnouchkine a un incontestable talent pour le spectacle vivant.
On peut cependant lui faire deux reproches assez récurrents : tout d'abord le militantisme politique transparent de certains de ses spectacles (Le dernier caravansérail par exemple) est, selon moi, difficilement soluble dans l'art. Le beau ou l'utile, il faut choisir et je me range ici à l'avis de Théophile Gautier qui, dans la préface de son livre "Mademoiselle de Maupin", écrivit :"Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid". (Opinion discutable mais ce serait un peu long).
L'autre reproche récurrent vis-à-vis de Mnouchkine, c'est la faiblesse du texte. Ariane Mnouchkine n'est jamais meilleure que lorsqu'un texte solide lui donne une armature, comme ce fut le cas pour la trilogie des Atrides il y a longtemps déjà.
Enfin, c'était globalement un bon spectacle et il ne faut pas bouder son plaisir.
Mais quelle ne fut pas ma surprise en rentrant chez moi de constater que j'avais des amis à Ushuaia !
Encore une sympathique soirée chez Urbano. Avec le professeur, Nicolas et moi-même.
Bien vite, l'heure, le froid et la convivialité nous ont poussés vers le comptoir. Là où le chat boit du coca à la paille.
Après un cadeau du patron pour les voyageurs du bout du monde (des décapsuleurs qui tiennent dans la main - effet "James Dean" garanti - et que je conserve précieusement, au chaud, sur la cheminée),
Il ne s'agit pas là de la dernière citation d'Eric Besson ou de Nadine Morano mais de l'étrange impression provoquée par l'exposition Soulages à Beaubourg.
Peintre de la faille, de la simultanéité, irrémédiablement happé par le noir comme Van Gogh par la couleur, Soulages ça déchire.
Quand on pense en plus que Beaubourg est à moins de 12000 kilométres de Buenos Aires, pourquoi s'en priver....